The historiography of lithium usage in psychiatry

This historiographical (not historical) paper explores the difference in quality that separates, on the one hand, research on the clinical usage of lithium in psychiatry and on the other, writings on its history. Whilst in general the former is of high standard the latter, with few exceptions, is repetitious and biased. This disparity is due to a corrosive asymmetry affecting our discipline, namely, that whilst professional historians and philosophers of psychiatry would not dream of writing a ‘weekend’ paper on psychopharmacology or the basic and clinical neurosciences, experts in the latter disciplines have no compunction in writing on the history and philosophy of psychiatry. The superficial and bad quality history thereby generated is then perpetuated by the fact that: a) it appears in clinical journals and textbooks and hence becomes a daily pabulum for clinicians, and b) trainees rarely if ever will consult professional historical sources. An educational and ideological shift is needed to teach psychiatric trainees that (like in the neurosciences) special training is required to research in the history and philosophy of psychiatry. This might prevent future academic trespassing and expose clinicians to good quality historical writings.

RésuméCet article qui se veut essentiellement historiographique explore la notable disparité qui existe entre les recherches sur l’utilisation du lithium, souvent d’un haut niveau scientifique, et les écrits historiques sur le même sujet qui se contentent le plus souvent de répéter les mêmes affirmations avec beaucoup moins de rigueur. La psychiatrie fit son entrée dans le Panthéon des spécialités médicales à la faveur de grands auteurs comme Richard Burton (au début du xviie siècle), Philippe Pinel (au début du xixe siècle) ou encore Émil Kraepelin (à la fin du xixe siècle) ; mais aussi grâce à la découverte de l’efficacité anti-maniaque des sels de lithium par John Cade en 1949. Cependant la première utilisation médicale des sels de lithium est attribuée au médecin anglais Garrod qui en 1859 publie un article sur son intérêt dans le traitement de la maladie goutteuse, indication qui retient l’attention de Charcot qui les recommande également à Paris en 1866. L’utilisation des sels de lithium dans le champ de la psychiatrie est située à la fin du xixe siècle avec les frères Lange, Carl et Frédérick, qui recommandent leur usage dans le traitement prophylactique de la dépression périodique. On perçoit d’emblée qu’il existe un inévitable recouvrement d’enjeux nationaux, personnels et médicaux. Définir qui est le véritable « découvreur » est souvent chose impossible. La décision finale relève le plus souvent d’intérêts particuliers. Les mythologies nationales restent très prégnantes, notamment dans l’univers médical (où elles prennent souvent des allures hagiographiques), et forgent souvent à partir de personnages plus ou moins illustres des figures de découvreurs ou de créateurs.