Giono, le conteur-chroniqueur sur le chemin de sa pulsion ; ou quand la pulsion compose avec les mots

RésuméJean Giono choisit le genre « Chroniques » après la Seconde Guerre mondiale. Son roman Deux cavaliers de l’orage fait charnière dans son œuvre littéraire. Giono confirme ce style littéraire. Et il écrit sur la pulsion meurtrière dans Deux cavaliers de l’orage, les pulsions perverses et meurtrières dans Un roi sans divertissement, la pulsion mortifère dans Le Déserteur. Pour Giono, seul le style conteur-chroniqueur lui permet de continuer à écrire, comme si, toujours aux prises avec une pulsion mortifère, la faire conter par les autres lui permettait de s’en distancier. En effet, l’acte pulsionnel naît là où les mots viennent à manquer, et le relater permet de l’écrire. Giono concilie son bonheur d’écrire avec la pulsion qui compose avec les mots et sous-tend sa création. Il peut alors romancer sur l’acte de tuer, à jamais un trauma pour lui depuis la Seconde Guerre mondiale.

Jean Giono chose chronicle style after the Second World War. His novel Deux cavaliers de l’orage is a turning point in his literary work. Since then, Giono confirmes this literary style. He writes about murderous drive in the novel Deux cavaliers de l’orage, murderous and perverse drives in the novel Un roi sans divertissement, about death-carrying drive in Le Déserteur. For Giono, storyteller chronicler style is the condition that allows him to keep writing, as if, always at grips with death-carrying drive, having it told by the other allowed him to take outdistance from it. In fact, the pulsional act borns there where the words are missing, and relating it allows to write about it. Giono conciliates his happiness in writing with the drive which composes with words and sustains his creation. Then he can fictionalize the act of killing, forever a trauma for him since the Second World War.