Fusarioses diagnostiquées au laboratoire d’un CHU en Tunisie : étude épidémiologique, clinique et mycologique

RésuméLe genre Fusarium, initialement connu par son important impact agro-économique, est de plus en plus incriminé en pathologie humaine. Ainsi multiples manifestations allergiques, toxiques et infectieuses locales ou généralisées sont de plus en plus documentées aussi bien chez les sujets immunocompétents que chez les immunodéprimés. L’objectif de notre travail a été d’analyser les particularités épidémiologiques, mycologiques et cliniques des fusarioses colligées dans notre CHU. Nous avons colligé 87 cas d’infections à Fusarium : 34 cas d’onychomycoses (39 %), 26 cas d’intertrigos interorteils (30 %), 25 cas de kératomycoses (29 %), un cas de fusariose invasive atypique à Fusarium oxysporum species complex (FOSC) et un cas de fusariose localisée gingivolabiale à Fusarium solani species complex (FSSC) survenue chez un leucémique en aplasie médullaire profonde et dont l’évolution a été favorable suite à la sortie de l’aplasie et à un traitement par l’amphotéricine B. Le cas de fusariose cutanée pseudotumorale à FOSC compliquée d’une ostéolyse et d’arthrites septiques survenait chez une femme enceinte. Aucun autre déficit immunitaire n’a été détecté. L’évolution était fatale malgré la prescription de multiples antifongiques systémiques. Concernant les cas de kératomycoses, Fusarium était le premier agent responsable (43 %). Un traumatisme cornéen a été signalé dans 37,5 % des cas. FSSC était le plus isolé (72 %). Concernant l’atteinte de la peau et des phanères, Fusarium était le troisième agent d’onychomycoses à moisissures (25 %). Les espèces isolées étaient, essentiellement, FSSC (68 %) et FOSC (20 %). Pour des intertrigos, la fréquence a été de 0,07 %. Ils étaient dus, surtout, à FSSC (84 %) et FOSC (16 %). Ainsi, Fusarium constitue une cause importante d’infections à moisissures dans notre région. L’identification de l’espèce s’avère très utile puisque certaines espèces posent un problème de résistance aux antifongiques systémiques les plus communs.

SummaryThe genus Fusarium, initially known for its important agro-economic impact, is more and more often implicated in human pathology. In fact, multiples allergic, toxic and infectious manifestations are more reported in immunocompetent and immunocompromised hosts. The objective of our study was to analyse the epidemiological, mycological and clinical features of fusariosis reported in our CHU. Eighty-seven cases of Fusarium infections were collected: 34 cases of onychomycosis (39%), 26 cases of intertrigos (30%), 25 cases of keratomycosis (29%), one case of atypical invasive fusariosis due to Fusarium oxysporum species complex (FOSC) and one case of localized gingivolabial fusariosis due to Fusarium solani species complex (FSSC) in a patient with leukemia in phase of deep bone marrow aplasia, whose outcome was favorable after exiting of aplasia period and a treatment by amphotericine B. The case of pseudotumoral cutaneous fusariosis to F. oxysporum complicated with osteolysis and septic arthritis occurred in a pregnant woman without any immune deficit. The evolution was fatal in spite of prescription of multiple systemic antifungals. Concerning keratomycosis, Fusarium was the first agent responsible for these infections (43%). The corneal traumatism was found in 37.5% of cases and FSSC was the most isolated (72%). For superficial dermatomycosis, Fusarium was the third agent of onychomycosis in molds (25%). The most isolated species were FSSC (68%) and FOSC (20%). The intertrigo frequency was 0.07% and they were mostly caused by FSSC (84%) and FOSC (16%). Fusarium is an important cause of mold infections in our region. So, the species identification is useful because some species are resistant to the most common systemic antifungal agents.