Résistance croisée aux dérivés triazolés chez Candida sp. : observation, fréquence dans les isolats sanguins et implications pour les traitements antifongiques

RésuméLes Candida sp. constituent une cause courante de septicémie chez les patients hospitalisés. Le fluconazole (FLC) reste le traitement de première intention pour la candidémie; et le voriconazole (VRC), un triazolé à spectre large, a été récemment approuvé pour le traitement des candidémies chez les patients non-neutropéniques. Des études in vitro ont suggéré que le VRC était très actif contre les Candida sp. moins sensibles au FLC. Nous présentons une observation de candidose invasive et de candidémie due à un isolat de Candida glabrata ayant développé une résistance à tous les antifongiques triazolés actuellement disponibles, après un traitement par FLC. Ce cas nous a incité à déterminer la fréquence des résistances croisées parmi les isolats sanguins de Candida recueillis au cours d´une période récente de 12 mois dans un centre hospitalo universitaire important. Les CMI du FLC ont été déterminées pour 125 isolats sur 153 (81.7 %). Trente isolats sur 125 (24 %) étaient résistants ou de sensibilité diminuée au FLC (CMI ≥ 16 µg/ml). La sensibilité au VRC a été analysée pour 28 de ces 30 isolats et cette analyse a montré que 9 isolats (32 %) avaient des CMI ≥ 2 µg/ml. Cinq de ces neuf isolats étaient des C. glabrata, deux isolats étaient des Candida tropicalis, un isolat était un Candida albicans, et un isolat un Candida parapsilosis. Les cinq isolats de Candida krusei testés avaient des CMI ≤ 0,5 µg/ml pour le VRC. Ces données nous ont incité à introduire des tests de sensibilité au FLC des premiers isolats de Candida prélevés dans la circulation sanguine des patients dans notre établissement. L´observation que nous présentons et nos résultats suggèrent également qu´il faut éviter d´instaurer le VRC en traitement initial chez les patients instables présentant une candidose invasive, notamment en cas d´une exposition antérieure aux dérivés azolés. Des études sont nécessaires pour définir la signification clinique de la résistance in vitro aux nouveaux agents antifongiques.